LA PRIERE CHARISMATIQUE NAQUIT A COTONOU
1977 : NAISSANCE DU RENOUVEAU DANS LE DIOCESE DE COTONOU OU L’HISTOIRE DU GRAIN DE SENEVE
PAR JEAN PLIYA
Pour qualifier l’effusion de l’Esprit Saint qu’il a reçu à quarante ans, le père Raniéro Cantala a employé une formule lapidaire : « C’est une Immense grâce messa ». Immense, merveilleuse grâce que le Seigneur nous a permis de vivre depuis vingt cinq ans au Bénin, avec la collaboration de pionniers célèbres ou d’humbles artisans qui nous ont fraternellement soutenus, tant sur le plan national que dans des structures internationales. Nous-mêmes avons été l’humble agent le petit canal par lequel a coulé cette grâce immense. Vous savez bien que notre Dieu, le Tout-Puissant, accomplit de grandes choses avec ce qu’il y a de petit et d’insignifiant. Nous devons garder mémoire des actes du Seigneur pour que les générations nouvelles continuent de rendre gloire et de louer « le Dieu qui a tout fait pour nous » (Ps 138, 8).
Le Renouveau Charismatique nous est venu de l’extérieur, en réponse à une ardente requête de libération pour le Bénin révolutionnaire socialiste marxiste en 1976. Le Régime bousculait les croyants, s’attaquait à l’Eglise catholique, emprisonnant des prêtres. Nous avons poussé un grand cri vers « Notre Dieu, le Dieu des délivrances »(Ps 68,21). Il nous répondit par cette parole de Jésus : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera con damné. Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon Nom, ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles… Ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris » (Mc 16,15-18).Ce fut une véritable parole fondatrice qui nous donna assurance et espérance. Mais comment faut-il annoncer la Bonne Nouvelle au peuple béninois pour qu’apparaissent des signes de puissance pour la gloire de Dieu ?
Le seigneur nous fit envoyer de France par un ami Français, Jean marie BOULOT, déjà engagé dans le Renouveau, les célèbre ouvrage de Merlin CAROTHERS, « De la prison à la louange » ; Je le reçus un samedi matin, le dévorai dans la journée et décidai de commencer à prier dans ma famille à la manière charismatique. Prière joyeuse, exaltante, pleine de rires et des enfants et d’alléluia ! Saveur nouvelle trouvée à la Parole de Dieu. C’était bon. Il fallait partager. Nous avons partagé l’expérience avec des frères et sœurs, surtout des couples de la paroisse du Bon Pasteur dont Charles AKONDE, Emile PARAÏSO, Gérard AGBOTON, Benjamin EZIN, Félix AKAN, Julien LOKOSSI, etc. Nous ne nous sommes pas réunis pour lancer le Renouveau Charismatique, mais nous nous réunissions déjà, à l’appel de notre curé le père MOULIN, pour méditer pendant le Carême, ou d’autres temps forts de la liturgie, la Parole de Dieu reçue le dimanche à la messe. La prière de louange et d’action de grâce libéra la puissance de l’Esprit Saint.
Le nombre grandit. On se réunissait de maison en maison. Bientôt, aucune salle de séjour ne put nous contenir. : on dépassait la soixantaine. On discerna ce qu’il fallait faire. Le curé nous accueillis, nous autorisa à entrer dans la maison du Seigneur, par la grande porte, jusqu’au pied de l’autel. Alors, les portes du Cénacle s’ouvrirent pour tous ceux que le Seigneur va appeler à rejoindre ce courant de grâce du Renouveau dont le pape Paul VI a dit, en 1975, au premier grand rassemblement charismatique à Saint –Pierre à Rome, « qu’il est la chance pour l’Eglise et le monde ». Les portes s’ouvrirent pour des frères et sœurs d’autres paroisses de Cotonou,, de Porto-Novo, de Ouidah, de parakou, du Grand Séminaire de Ouidah. Et le feu allumé par le Seigneur Jésus va se propager de diocèse en diocèse jusqu’aux extrémités du Bénin.
Comment former, gérer les groupes, les asseoir sur le roc de la Parole de dieu, de la formation à la doctrine et les fondamentaux d’un Renouveau authentique ? Sur place, il a fallu organiser le ministère du chant avec les cassettes, les carnets de « Il est Vivant ». Nous puisions dans le répertoire de « Hanyé », le Seigneur nous donna le charisme de composition de chants. Pour la formation à la maitrise de la Parole de Dieu, aidé par notre premier aumonier le père LEGENDRE, nous allons nous affermir en étudiant la Bible de façon méthodique dans des weeks-ends de formation au Collège AUPIAIS. Dans les groupes, nous étudions les Actes de Apôtres. Deux fois, par mois, deux frères volontaires en présentaient un chapitre.
Mais la grâce essentielle du renouveau, l’effusion de l’Esprit Saint, ne se demande qu’après avoir suivi les séminaires de la vie dans l’Esprit, localement dénommé « cheminement ». Dans ces séminaires, pendant 7 semaines, l’Esprit conduisait les gens à la conversion, touchait les cœurs, les poussait au pardon, à la réconciliation à la rupture avec les idoles, les gris-gris, le Fâ, le vodoun, les sectes. Le fait de rejeter ces objets occultes, de les donner pour être brûlés, prouvait le choix radical de Jésus-Christ et convainquait les indécis et même des prêtres. Ceux-ci appréciaient la qualité de la confession sacramentelle des renouvelés, le retour aux sacrements, l’ardeur à s’engager dans dans les œuvres de la paroisse, à donner de leur temps et de leur argent provenant de la pratique de la dîme.
Pendant les quatre premières années, nous n’avions pas de contact avec l’extérieur. Le Seigneur lui-même va nous former nous préparer, nous guider. Il est passé par le père Vincent ADJANOHOUN qui, qui que n’étant pas lui-même du renouveau, va offrir le premier livre de formation aux séminaires de la vie dans l’Esprit , en l’occurrence l’ouvrage du père PHILIPPE dans sa première version en un tome : « Afin que vous portiez beaucoup de fruits ». Jusqu’en 1981, presque personne ne parlait en langue dans nos groupes. Quoique j’ai reçu l’effusion en 1977, c’est un peu plus tard, après que mes « parrains français » le couple BOULOT, aient prié sur moi en m’imposant les mains, que j’ai parlé en langues, le jour même, en disant mon chapelet. Cela confirme bien le rôle d’intercesseur de Marie pour l’ouverture aux charismes.
A partir de 1981, la collaboration internationale va commencer. Le célèbre pasteur charismatique protestant Thomas ROBERTS vint nous visiter, avec un prêtre catholique, guy MAROLLEAU. Les anciens se souviennent de son séjour, de son témoignage vibrant de ses enseignements au « Bon pasteur »et à Porto-Novo à l’Eglise méthodiste. Le pasteur Thomas ROBERTS nous enseigna pendant 15 jours sur la puissance et la miséricorde de Dieu le Père et l’abbé MAROLLEAU nous rappela la doctrine catholique vis-à-vis du Renouveau.
Le pasteur ROBERTS pria pour débloquer le charisme du parler en langues. Il n’y eut pas beaucoup de récipiendaires. Le temps du Seigneur viendra plus tard, avec l’abondance de ses grâces et la floraison des charismes.
Le père exorciste camerounais Meinrad HEBGA, un autre pionnier du Renouveau, nous apporta un élan nouveau par une vivante campagne d’évangélisation suivie de signes de guérison et de délivrance. Il nous forma activement et nous raffermit dans l’engagement charismatique.
En 1983, nous quittâmes le Bénin pour le Niger où nous avaient précédé les frères Charles AKONDE, Benjamin EZIN,. Dans ce pays musulman, notre équipe contribua à relancer le Renouveau à peine naissant. Les huit années de notre séjour au Niger furent décisives pour l’ouverture internationale du renouveau béninois.
En 1985, grâce à notre première participation à la conférence internationale des leaders du Renouveau Charismatique à Rome, nous primes contact avec le père Raymond HALTER que nous invitâmes à venir au Niger eu au Bénin. Il va devenir notre tuteur . D’Abidjan où il dirigeait le sanctuaire marial et était l’aumonier du renouveau charismatique du diocèse, il va venir de temps en temps, en plusieurs séjours, pour nous former et nous entrainer à l’évangélisation. Paix à son âme dans la lumière éternelle. Le père HALTER était à Ouidah en 1996, au séminaire organisé par l’I.C.C.R.S sur la délivrance : il était présent la même année à Yamoussokro en Cote d’Ivoire.
L’ICCRS que nous connaissons bien aujourd’hui s’appelait alors en 1995 l’I.C.C.R.O. : le Bureau international du renouveau Charismatique Catholique, chargé par le Pape pour suivre, encourager, organiser et stimuler le Renouveau charismatique catholique mondial.
L’ICCRS que supervisait le cardinal Joseph SUENENS nous envoya le livret des séminaires de la vie dans l’Esprit, d’abord en anglais, que nous avons fait traduire en français. Bientôt, L’ICCRS va nous offrir le livret des dirigeants et celui des participants aux séminaires, des brochures remarquables rédigées d’après l’expérience des charismatiques du Ghana, éditées par le Canada, qui nous étaient offerts gratuitement. Cette opportunité nous permit de dispenser une formation solide, cohérente dans tous les groupes, sauf dans certains groupes qui s’inspiraient d’expériences qui avaient porté du fruit en Côte d’Ivoire.
Par la suite, le Bénin a adopté le livret de L’ICCRS avec la collaboration de prêtres et de laïcs. Cette dernière version est très appréciée non seulement au Bénin, mais dans la sous-région ouest-africaine et ailleurs.
Du Niger où nous vivions et où le Seigneur nous a accordé les charismes de prière pour la guérison et de parole de connaissance, nous irons, parfois envoyé en mission par le père HALTER, parfois invité directement, faire de l’évangélisation et de la formation au Burkina Faso, et plus tard au Sénégal, au mali, en Guinée, au Togo, en Côte d’Ivoire, et aussi en France. Les nouvelles communautés charismatiques nous invitaient à faire des retraites ou des sessions de formation. : Les Béatitudes, le « Chemin neuf », la Communauté de l’Emmanuel, le Verbe de vie.
Leurs remarquables revues soutenaient notre formation : « Feu et Lumière », « Tychique », « Il est Vivant », et aussi la revue canadienne « Selon Sa parole » que le directeur GIGUERE nous a toujours servie gratuitement.
La naissace de notre biulletin béninois du renouveau le « Buisson Ardent » et son développement a été soutenu par une bonne équipe de rédaction et aussi l’autorisation que les revues etrangères nous ont donnée de puiser des articles dans leurs publications. Nous leur exprimons notre gratitude.
En 1987, ungrand évangélisateur, un grand prophète de notre temps, le père Emiliano TARDIF que nous vons invité à venir au Niger accepta de prolonger sa mission au Mali, au Bénin, au Togo. Gigantesque épopée missionnaire ! Les foules accalmaient le Seigneur qui accomplissait signes sur signes, lors des rassemblements dans les stades. Nous exprimons notre gratitude à ces pionniers de la première décade.
Le Renouveau charismatique béninois se caractérise par l’absence d’implantation de communautés nouvelles, contrairement à des pays comme la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, le Congo. Seule la communauté « Pain de Vie » s’installa dans le diocèse de Cotonou à Somè. Il a donc fallu compter compter sur le Seigneur et sur notre propre initiative par l’auto formation.
En France, en 1988, premier grand rassemblement de tous les groupes de prière charismatiques. Mon épouse Rose et moi y avions été invités. En nous portanbt pour le podium pour témoigner des merveilles du Seigneur en Afrique, l’Esprit Saint allait ouvrir plus tard des portes pour le Renouveau charismatique béninois et africain : missions multipls au Gabon, en République Centre Africaine, au Sénégal, au Togo, au mali, avec de plus en plus de participations des pays étrangers à des rassemblements charismatiques béninois. Les retraites annuelles du Renouveau et les célèbres pélerinages mariaux de Dassa sont devenus des rendez-vous internationaux.
En 1985, le premier congrès du Renouveau charismatique africains’est réuni à Kinshasa pour montrer comment « le Renouveau est une chance pour l’Eglise d’Afrique ». Deux délégués représentaient le Bénin : Charles VIGNON et Paul AKPONA ; le deuxième a eu lieu à Brazzaville en 1992. A ce congrès, l’Afrique a été scindée en deux sous-régions : Afrique Centrale et Afrique Occidentale pour le suivi du Renouveau.
En 1996, à Yamoussokro, (Côte d’Ivoire), le troisième congrès rassembla plus de 1 000 participants dont 70 Béninois autour du thème : « Allez ! Proclamez ! Chassez ! et guérissez ». Enfin, en 2001, à Yaoudé, le Seigneur nous invitait à être ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Le Bénin y envoya 17 délégués. Je représentais l’I.C.C.R.S. car j’ai été nommé membre de son Conseil d’Administration en 2000, pour collaborer avec ce prestigieux service du Vatican qui joue le rôle de guetteur, de formateur et de prophète du Renouveau charismaatique international.
Sur le plan sous-régional, pour l’Afrique francophone de l’Ouest, une conférence périodique a été lancée en même temps qu’une association des prêtres charismatiques dont la coordination était assurée par le père Baudouin PODA du Burkina Faso. La Côte d’Ivoire a été chargée de présider cette conférence qui se réunit pour la première fois à Ouagadougou en 1994. Là, il a été décidé qu’une rencontre des responsables nationaux du Renouveau de l’Ouest Afrique se tiendrait tous les ans pour préparer conférence et congrès. La première rencontre eut lieu au Togo, en 1995.
La deuxième conférence sous-régionale eut lieu en 1998, au séminaire Saint-Gall de Ouidah, et la rencontre des responsables nationaux du Renouveau à Bamako, au Mali en 2000. Au cours de cette dernière réunion, le Bénin apporta une importante contribution. Il fut décidé de lui confier la présidence de la conférence sous-régionale ouest-africaine pour honorer la fidélité de notre engagement au service du Seigneur.
En Août 1997, le Bénin a abrité le séminaire international sur la délivrance organisé par l’AssociationInternationale pour la Délivrance (A.I.D) avec la participation de 17 pays africains dont 5 anglophones. Nous avons beaucoup reçu de l’extérieur, de l’Eglise universelle. Nous aussi nous essayons de donner en envoyant des missions dans les pays frères.
Ainsi le frère Euloge Chékété COOVI a notamment dirigé des missions de formations et d’évangélisation au Mali, au Niger, au Togo, au Congo Brazzaville. Plus on partage les bénédictions du Seigneur, plus elles s’accroissent. Si le Seigneur augmente notre nombre, c’est pour accroitre notre joie. Le Renouveau charismatique béninois n’est, ni un modèle, ni une référence, mais il est au service de l’Eglise et du peuple béninoi, et, de plus en plus au service des Eglises africaines. La hiérarchie lui a toujours accordé un accueil favorable, avec tous nos archevêques et les évêques de tous diocèses et de quelques prêtres ou religieuses qui se sont engagés dans le Renouveau.
Depuis qu’en 1994, le Pape Jean-Paul II nous avait invité à participer au Synode des évêques d’Afrique à Rome, et à parler de « l’Evanélisation et de la promotion humaine en Afrique », les invitations des évêques africains se sont multipliées.
Aujourd’hui cette bienveillance de la hiérarchie est un réel stimulant pour nous au Renouveau.
Nous savons que si le Renouveau est une chance pour l’Eglise du Bénin, que l’Eglise est aussi une chance pour le Renouveau qui s’est pleinement inséré dans les structures et la pastorale de notre Eglise. Nous disons volontiers que le Renouveau n’est pas au service du Renouveau mais de toute l’Eglise. Au Renouveau, nous aimons bien, peut-être un peu trop, les mots « Alléluia » et « Merveilles ». Si la petite graine de sénevé semée en 1977 n’est pas encore devenue l’arbre géant sur lequel se reposeront les grands oiseaux du ciel, il est sans doute un arbuste encore frêle qui abrite déjà des passereaux, ces petits oiseaux qui ont du prix aux yeux du Seigneur et qui chantent : « Jésus notre Roi est à nous, la joie de nos cœurs, la paix de nos âmes ! Jésus notre Sauveur est à nous ».
Oh ! oui, nous avons raison de chanter : « Il a fait merveille : Alléluia ! ».